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Fiche 3 - Ecrire, se relire, réécrire

Publication : par le Webmaster

Vous avez terminé le premier jet de votre nouvelle. Que vous ayez élaboré un scénario précis ou que vous ayez écrit au fil de la plume au gré de votre imagination, vous devez maintenant aborder la relecture et la réécriture.

Hormis quelques génies des lettres, tout écrivain retravaille son texte plusieurs fois, sur le fond comme sur la forme, avant d’en proposer la publication. Si vous ne changez rien à votre premier jet, c’est probablement parce que vous n’avez pas su traquer les imperfections et jeter un regard extérieur sur votre texte.

Comment se relire ?
Que faut-il réécrire ?

1. Vérifications concernant la cohérence de l’histoire

[**Ai-je dit tout ce que je voulais dire ? Manque-t-il des précisions ? Puis-je gagner en clarté ou/et en efficacité ?*]

Il faut :

  • Vérifier la cohérence de l’intrigue et sa progression.
  • Vérifier l’évolution et la vraisemblance des personnages.
  • Regarder les épisodes à supprimer (redondants ou qui n’apportent rien, ralentissent inutilement le rythme) ou à ajouter (ellipses qui rendent le propos confus, nécessité d’expliquer l’évolution d’un personnage ou la progression de l’intrigue, de rendre un personnage plus attachant et permettre l’identification du lecteur).
  • Vérifier la caractérisation des personnages ou du cadre spatio-temporel (n’oubliez pas que la description d’un lieu ou l’insistance sur une atmosphère liée à un moment particulier peut être source d’angoisse et donc efficace dans un récit fantastique).

2. Correction(s) stylistique(s)

[**Suis-je satisfait du choix des mots, de la sonorité et du rythme des phrases, des figures de style employées ?*]

Un texte n’est pas qu’une affaire de contenu, c’est aussi une question de style.

Quelques conseils pour améliorer la forme du texte :

**La lecture à voix haute

Flaubert avait l’habitude de passer ses textes à l’épreuve du « gueuloir » : comme ce néologisme l’indique assez clairement, l’épreuve consistait à « gueuler » les textes, c’est-à-dire à les dire d’une voix forte, voire à les hurler, pour vérifier la cohérence d’une phrase, mais aussi pour en tester l’équilibre, le rythme, la sonorité.

L’oralité rend en effet mieux perceptibles les imperfections stylistiques : cela permet de se rendre compte qu’un adjectif manque, que tel autre est surnuméraire, que telle proposition rompt le rythme de la phrase ou semble heurtée ou artificielle à la lecture. Tous les écueils révélés par passage à l’oral doivent faire l’objet d’une réflexion, d’un ajustement, d’une suppression, d’une modification…

Sans aller jusqu’au gueuloir flaubertien, vous pouvez passer votre nouvelle au test de l’oral. La lecture à voix haute, à soi-même comme à autrui, permet de jeter un regard neuf sur son texte et de l’aborder sur un plan stylistique et formel.

**La chasse aux clichés

Un cliché (ou poncif) est une idée ou formule toute faite, très souvent répétée dans les mêmes termes, au point d’en devenir habituelle et même banale.

Lors d’un premier jet, des expressions toutes faites viennent naturellement « sous la plume », sans que nous nous en rendions nécessairement compte. Il convient, lors de la relecture, de chasser ces clichés.

Flaubert, encore lui, accordait une attention particulière aux clichés et tentait de les éliminer le plus souvent possible, sauf lorsqu’il les mettait dans la bouche de personnages caractérisés par la Bêtise. Les discours de Monsieur Homais dans Madame Bovary par exemple sont truffés de clichés.

[**Lorsque vous avez repéré des clichés dans votre texte, plusieurs solutions :*]

1. Soit vous les supprimez et les remplacez par une expression plus originale ou moins marquée, moins usuelle.

Le sentiment remplace avantageusement le ressenti ; il vaut mieux influencer qu’impacter ; la dangerosité cède la place selon les cas à la menace, au danger, sinon au caractère dangereux…

N’hésitez pas à utiliser un dictionnaire des synonymes (également utile pour éviter les répétitions)

2. Soit vous les conservez mais modifiez le cotexte pour montrer que vous êtes conscient du cliché et que, éventuellement, vous le tournez en dérision.

Si le sire est naturellement triste au point que l’expression « le triste sire » soit ressentie comme un tout, il vous suffit de montrer que vous avez parfaitement conscience du caractère figé de l’expression : « le sire, triste comme toujours » ou encore « le sire, triste, inutile de le préciser » etc.

Cela montre que vous n’êtes pas tombé dans le piège de l’expression toute faite, mais que vous êtes capable d’en jouer et de vous en amuser, de connivence avec le lecteur

3. Soit vous apportez une modification mineure à l’expression.

Par l’ajout d’un adjectif ou d’un adverbe inattendu, le remplacement d’un verbe ou d’un substantif par un autre, ce qui permet à la fois de reconnaître l’expression originelle et de percevoir le décalage.

Au lieu d’utiliser l’expression « manquer cruellement », vous pouvez préférer « manquer sauvagement » ou « manquer douloureusement »

Un simple changement d’adverbe crée ainsi un décalage et réactive le sens premier des mots utilisés, loin de toute expression figée.

[**Quelques exemples de clichés :*]

Quelques associations courantes de substantifs et d’adjectifs :
l’accoutrement est souvent étrange, la foule bigarrée, la confiance aveugle et l’amitié indéfectible, les contrées lointaines ou inhospitalières, etc.

Quelques expressions verbales :
avoir une faim de loup, manquer cruellement, sonner le glas (souvent de ses espérances d’ailleurs !), etc.

Si vous vous intéressez aux clichés littéraires et à leur utilisation ou si vous êtes simplement un amoureux de la langue, je vous conseille la lecture du Dictionnaire des clichés littéraires de H. Laroche ou encore de la Guerre du cliché de C. Dantzig.

3. Correction orthographique et syntaxique

[**Lorsque l’on produit un texte, il est important de veiller à l’élimination des principales coquilles et erreurs qui peuvent émailler le texte et conduire les lecteurs à l’indisposition.*]

Il faut d’abord bien se connaître et cerner ce qui peut poser problème :

  • La syntaxe et ses méandres sont restés un mystère pour vous : veillez à associer chaque phrase à une idée et à éviter l’accumulation des propositions. N’est pas Proust qui veut ! Lorsqu’une phrase comporte une subordonnée, vérifiez-en la construction dans une grammaire et pensez à contrôler la présence d’un verbe et de son sujet dans la principale.
  • L’orthographe d’usage vous paraît un luxe inutile depuis l’apparition des SMS : travaillez avec un dictionnaire à portée de mains et perdez quelques précieuses minutes en vérifications multiples. Si le correcteur orthographique souligne en rouge certains mots, ce n’est pas parce qu’il vous a pris en grippe !
  • La conjugaison et les accords constituent souvent une source facile d’erreurs, source d’erreurs tout aussi facile à supprimer par des vérifications systématiques, certes laborieuses, mais efficaces.

Enfin, n’hésitez pas à vous faire relire par une personne compétente pour éliminer tout ce qui aurait pu vous échapper !